Découvrir les métiers ancestraux médocains

Emblème des Landes et du Médoc, le pin ne fait pas que de l’ombre. En effet, fut un temps où la récolte de sa résine faisait vivre tout un peuple ! Connaissez-vous le gemmage ? C’est un métier et savoir-faire ancestral qu’Anaïs et Sabine ont découvert grâce à Jean-Claude Deyre au Porge. Passionné par le gemmage de père en fils, il leur a expliqué les usages de la résine, depuis sa récolte jusqu’à sa transformation.

Le gemmage, c’est quoi ?

La récolte de la résine de pin maritime

Le gemmage, c’est l’extraction de la résine de pin maritime. Cela consiste à faire une « entaille » sur le pin qui provoque l’écoulement de cette gemme brute qui est ensuite récoltée et envoyée dans des distilleries.

L’arrivée du pin maritime dans le Médoc au Porge

Quelques propriétaires de landes, souvent les plus aisés, commencent à implanter des pins maritimes au Porge aux alentours des années 1700. Jean-Claude a retrouvé des écrits répertoriant 5 résiniers sur la commune du Porge à cette période.

Forêt des Landes

Forêt de pins du Porge © Lycia Walter

Le métier de résinier

Ce métier ancestral a vu le jour dans les années 1700 et se pratiquait en famille avec parents et enfants. Jean-Claude a commencé en 1964. À ses débuts, ils étaient près de 75 familles Porgeaises à travailler la résine et plus de 4000 en Aquitaine. Le métier de résinier était très dur. Cependant, comme nous le dit Jean-Claude, ils « aimaient ça » et « de toute façon il n’y avait que ça à faire ». Au total, il aura travaillé 5 ans en tant que gemmeur.

Il existe plusieurs façons de nommer le métier de résinier : « gemmeur » ou « pinadier ». En Aquitaine, on en recensait environ 16.500 en 1960. Le métier a peu a peu disparu. En 1989, ils n’étaient plus que 76.

Comment récolter la résine de pin ?

Comprendre comment le pin maritime est constitué

Le résinier commence la récolte lorsque le pin a 35/40 ans.

La résine est stockée dans ce circuit fermé qu’est le pin. Grâce à l’extraction de la résine, c’est comme si le pin se régénérait. Ainsi, la récolte de cette résine permet de fortifier l’arbre. Plus la résine est récoltée, plus la régénération de la résine est grande et plus le pin devient fort. Chaque pin ne donne pas la même quantité de résine.

On aperçoit bien les veines circulaires sur ce rondin

L’art du gemmage expliqué par Jean-Claude

Le résinier commence toujours par « piquer » le pin sur son flanc Est puis ensuite sur son flanc Ouest. « Piquer un pin » désigne la préparation du pin avant la récolte de la résine.

Pourquoi commencer par le côté Est ? Dans notre région, le vent est majoritairement d’ouest. Ainsi, le pin a plutôt tendance à pencher vers l’est. Le cœur du pin, (là où il y aura le plus résine), suit le mouvement et penche donc vers l’est. Cette technique permet donc une récolte plus généreuse dès le départ. Le résinier s’attaquera ensuite au côté Ouest, puis Nord et enfin Sud. C’est ainsi que le résinier fait le tour de l’arbre.

Il veille également à gemmer le pin d’abord par le bas et remontera petit à petit sur l’arbre en veillant à laisser un espace de 60-80 cm entre chaque « plaie » et maximum jusqu’à hauteur de bras.

Les étapes du gemmage

  • 1ère étape : avec une hache, le résinier enlève l’écorce

    Jean-Claude enlève l’écorce

  • 2ème étape : il procède au « cramponnage » qui consiste à placer des lames de zinc incurvées dans le pin qui guideront la résine jusqu’au pot situé juste en dessous

L’étape du cramponnage

  • 3ème étape : on place le pot sous la fente dans lequel coulera la résine. Mais les résiniers n’ont pas toujours utilisé ce pot ! Dans les années 1700, ils faisaient un trou dans le sol appelé « crot » en patois. La résine coulait dans ce « crot » et elle était ensuite récupérée par le charretier à l’aide d’une louche et était déversée dans un « grand crot » où toute la résine était stockée avant de partir à la distillerie. En 1854, fini le trou dans le sol pour récolter la résine. Le pot « Hugues » fait son apparition. C’est un petit pot en terre cuite. Ainsi, la résine récoltée contenait moins d’impuretés.
Pin piqué avec un pot de récolte de résine de pin

Récolte de la résine avec le pot Hugues

  • 4ème étape : quand il commence à faire plus chaud vers le mois de mai, le résinier crée une petite entaille appelée un « galip » à l’aide d’un outil le « hapchot » qui va permettre à la résine de s’écouler et repassera tous les dix jours pour recréer l’entaille

Le « galip » réalisé à l’aide d’un « hapchot »

  • 5ème étape : dès que le pot est rempli, le résinier le cure à l’aide d’une curette et stocke la résine dans un « escouarte. » Cependant, la répétition du geste cause de nombreux problèmes aux poignets aux gemmeurs, notamment des tendinites. Dans les années 1970, une cureuse à pot a été inventée.

    La curette et l’escouarte

La manière de récolter la résine a évolué avec le temps…

Dans les années 1960, la technique du « gemmage à l’activée » voit le jour. Elle consiste à pulvériser de l’acide sulfurique sur la plaie augmentant le rendement, mais attaquant le pin en profondeur. Cette technique a coexisté avec le gemmage au « hapchot » dans l’ensemble du massif gascon, jusqu’à la disparition du gemmage en 1990. Cependant, le gemmage a revu le jour au Porge grâce à une nouvelle technique brevetée par Claude Courau, un Porgeais.

En savoir plus sur la renaissance du gemmage au Porge

À quoi sert la résine de pin ?

Après sa récolte, la résine de pin part en distillerie pour être traitée et ressort en deux formats différents :

  • L’essence de térébenthine : produit liquide qui est utilisé dans les peintures et vernis, produits d’entretien, produits pharmaceutiques, insecticides, parfums, caoutchouc etc…
  • La colophane : produit solide qui est utilisé dans la savonnerie, les colles industrielles, l’adhésif, les encres d’imprimerie, les cires à cacheter etc…

Participer à une visite gemmage au Porge

Entre océan et forêt de pins, c’est l’endroit idéal pour profiter du grand air et s’émerveiller devant une activité ancestrale propre à notre belle région.

Venez découvrir le métier de gemmeur ou résinier, caractéristique de la forêt des Landes de Gascogne avec Jean-Claude. Contactez le au +33 6 63 18 44 00. Il vous donnera rendez-vous à la maison forestière de Gleyze-Vieille. C’est toujours un plaisir pour lui de partager ses connaissances et perpétuer les traditions !

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